
La musique traditionnelle africaine est un pilier culturel. Elle accompagne à la fois les moments sacrés et les instants du quotidien. Chaque région possède ses rythmes, ses sons et ses instruments, tous façonnés par des savoirs ancestraux. Véritables porteurs d'identité, de spiritualité et de mémoire collective, ces instruments sont bien plus que de simples objets musicaux.
Le djembé, le balafon, la kora, la mbira, le tama, le tam-tam et le shekere font partie des instruments de musique traditionnels les plus emblématiques du continent africain. Ils sont encore utilisés aujourd’hui par des artistes contemporains qui les réinventent sans en trahir l’essence. Voici une exploration détaillée de leur rôle culturel et de leur impact actuel.
1. Le djembé : tambour fédérateur de l’Afrique de l’Ouest
Le djembé est l’un des instruments traditionnels africains les plus connus au monde. Originaire de la culture mandingue, il est sculpté dans du bois et recouvert d’une peau animale. Il se joue à mains nues et offre une grande variété de sons. Utilisé lors des danses rituelles, des fêtes communautaires et des rites d’initiation, il joue un rôle central dans la transmission orale et la cohésion sociale. Il rythme la vie du village et symbolise l’unité.
Dans la musique contemporaine, le djembé est devenu un ambassadeur de la culture africaine. Des artistes comme Mamady Keïta et Famadou Konaté ont largement contribué à sa diffusion à l’international. Des artistes comme Ablaye Diakité fusionnent les rythmes traditionnels du djembé avec d'autres genres musicaux. Il reste aujourd’hui un pont entre tradition et modernité.
2. Le balafon : la voix mélodique de la mémoire
Le balafon est un xylophone africain composé de lames en bois posées sur des calebasses qui servent de résonateurs. Présent dans de nombreuses cultures ouest-africaines, notamment au Burkina Faso, au Mali et en Guinée, il est souvent joué par les griots pour accompagner les récits historiques et les éloges chantés. Il est également utilisé lors des funérailles et des cérémonies royales. En tant qu’instrument mélodique à percussion, il porte les mémoires de peuples entiers.
Aujourd’hui, des musiciens comme Aly Keïta et Lassana Diabaté modernisent le balafon en l’intégrant à des projets de jazz, d'afrobeat ou de musique du monde. Le groupe Neba Solo l’a même introduit dans des morceaux populaires et engagés au Mali. Ce xylophone africain reste au cœur de l’héritage musical mandingue et continue d’évoluer avec les musiques actuelles.
3. La kora, harpe-luth des griots
La kora est un instrument à cordes originaire d'Afrique de l'Ouest, notamment de la culture mandingue du Mali, du Sénégal et de la Guinée. Fabriquée à partir d’une calebasse et dotée de 21 cordes, elle se situe entre la harpe et le luth. Les griots s’en servent pour accompagner les récits historiques, les chants de louange et les cérémonies importantes. Douce et envoûtante, la kora est un instrument spirituel et poétique qui exige une grande technicité.
Dans la scène contemporaine, des artistes comme Toumani Diabaté, Ballaké Sissoko et Sona Jobarteh ont permis à la kora de dépasser les frontières africaines. Elle est désormais jouée dans des festivals de musique du monde, de jazz ou même de musique classique. Symbole d'élégance et de raffinement, elle est désormais présente dans la musique africaine traditionnelle et contemporaine.
4. La mbira : piano à pouces et instrument des ancêtres
La mbira, également appelée sanza ou kalimba, est un piano à pouces originaire d’Afrique australe, notamment du Zimbabwe. Cet instrument à lamelles métalliques montées sur une caisse de résonance est joué avec les pouces. Dans les traditions spirituelles, notamment chez les Shonas, elle est utilisée pour invoquer les esprits des ancêtres, entrer en transe ou accompagner les cérémonies de guérison. Elle est profondément liée à la spiritualité et à l’héritage ancestral.
Sur la scène musicale moderne, des artistes comme Stella Chiweshe ou Hope Masike perpétuent la tradition de la mbira tout en l’intégrant à des styles contemporains. La mbira est également popularisée dans des fusions de world music par des artistes comme Chiwoniso Maraire, aujourd’hui disparue. Son timbre délicat et hypnotique en fait un instrument prisé des compositeurs recherchant un son méditatif et symbolique.
5. Le tama : le tambour qui parle
Utilisé principalement au Sénégal, au Mali et au Nigeria, le tama, ou « tambour d’aisselle », est un petit tambour en forme de sablier. Grâce à son système de cordes ajustables, il peut imiter les intonations de la voix humaine. Il était historiquement utilisé pour envoyer des messages, annoncer une visite royale ou saluer les chefs. Véritable instrument de communication, il est également un support musical.
Dans la musique moderne, on trouve le tama dans le mbalax sénégalais, style popularisé par Youssou N’Dour. Des percussionnistes comme Assane Thiam le mettent en avant dans leurs compositions. Le tama conserve son importance dans les cérémonies et festivals africains, tout en s'intégrant dans des arrangements funk, pop ou électro.
6. Le tam-tam, instrument d’annonce et de rituel
Le terme « tam-tam » désigne différents types de tambours traditionnels, souvent de grande taille. On le retrouve dans de nombreuses régions d’Afrique subsaharienne. Il servait historiquement à transmettre des messages entre villages, annonçant des événements tels que des décès, des fêtes, des dangers ou des convocations. Outre son rôle de communication, il est utilisé dans les danses rituelles et les cérémonies religieuses.
Aujourd’hui, on trouve encore le tam-tam dans les musiques traditionnelles d’Afrique centrale et de l’Ouest. Des percussionnistes comme Doudou N’Diaye Rose, maître tambour sénégalais, ont su créer des orchestrations complexes à partir de tam-tams. Symbole de la puissance sonore et spirituelle de la percussion africaine, il est toujours très présent.
7. Le shekere : rythme et mouvement
Le shekere est une calebasse recouverte d’un filet de perles, de graines ou de coquillages. Il est utilisé comme instrument de percussion, qu’il faut secouer ou frapper contre les mains ou les jambes. Souvent joué par les femmes, il accompagne les danses rituelles, les célébrations agricoles ou les chants religieux. Sa sonorité vive et ses mouvements dynamiques en font un instrument à la fois musical et visuel.
Dans les musiques actuelles, le shekere reste très présent. Des artistes comme Angélique Kidjo ou Yemi Alade l’intègrent dans leurs concerts. C'est le musicien Babatunde Olatunji qui l'a popularisé aux États-Unis dès les années 60. Grâce à sa légèreté et à sa richesse rythmique, le shekere reste un outil essentiel dans les ensembles percussifs africains et afrodescendants.
Pourquoi ces instruments traditionnels africains restent-ils incontournables ?
Ces instruments africains traditionnels perpétuent l'identité musicale de tout un continent. Ils racontent l'histoire, renforcent les liens communautaires et restent au centre des expressions artistiques modernes et traditionnelles. Que ce soit pour apprendre le djembé, acheter un balafon, ou écouter les sons envoûteurs de la kora, la musique africaine traditionnelle continue de résonner dans le monde entier.
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Conclusion
Ces instruments traditionnels africains ne sont pas figés dans le passé. Ils continuent de transmettre une culture vivante, en constante évolution. Grâce à des artistes modernes qui les valorisent sur les scènes internationales, le patrimoine musical africain rayonne bien au-delà du continent. Intégrés à des projets contemporains, ils prouvent que la tradition n’est pas une nostalgie, mais une source d’innovation.